Comme chaque année, à 130 kilomètres au nord de Lisbonne, la ville de Golegã organise la plus grande fête équestre du Portugal.
Le rendez-vous 2019 aura lieu du 1er au 11 novembre. Si vous rêvez d’une petite parenthèse hors du temps, réservez vos billets pour un super plan !
Encore un petit kilomètre et la circulation ralentit…
Cette fois, ça y est ! Le grand rond-point se profile en point de mire : la rotunda. Épinglés sur son blanc pourtour, les fers des plus grands éleveurs du Portugal captent immanquablement le regard des cavaliers. Il est temps de se garer.
Selon l’heure et le jour, ça peut demander un brin de patience. Les gens traversent de partout. La prudence est donc de rigueur, mais pas de souci : vous avez tout le temps. Oubliez la montre et bannissez le klaxon. Ouf, un petit trou pour glisser la voiture. Elle ne bougera plus avant tard ce soir.
À portée de regard, l’arche teintée d’ocre et de blanc marque symboliquement l’entrée dans la ville : bienvenue à Golegã, la Capitale du Cheval.
Une atmosphère tellement particulière.
Chaque année, début novembre, la cité du Ribatejo rassemble les amoureux des chevaux lusitaniens pendant près de deux semaines. C’est un moment de fête et de fierté. Juste avant d’entrer dans l’hiver, l’été de la Saint-Martin jette ses dernières lumières sur la ville. Il peut vraiment faire chaud et solaire en journée, ou pas. Le soir, les épaules se réjouissent sous de lourdes capes, magnifiques. Dans le hit-parade des souvenirs à s’offrir, comme le chapeau typique …
On vient à Golegã depuis toujours. La fête est ancestrale. Traditionnelle, incontournable, pluriséculaire. À nulle autre pareille. Son atmosphère vous prend rapidement les tripes, que vous soyez cavalier ou non. Du monde, toujours du monde. On vient de la ville et de la campagne. Du Portugal et d’ailleurs. On y parle portugais, anglais, français, allemand, suédois, … Peu importe, tout le monde se mélange, à l’image des petites rues qui s’enchaînent.
Écoutez la chanson des sabots sur les pavés…
Nul besoin de demander votre chemin. Le guide, c’est le son. La chanson des sabots sur le pavé. À tout moment, derrière vous, par tribord ou bâbord, les chevaux s’intercalent dans le flux des piétons. Sur leur dos, les cavalières et les cavaliers rivalisent d’élégance. Les costumes sont classieux. La plupart des chevaux sont tressés, nattés. Leurs muscles saillants sont à fleur de peau. Rime avec beau.
Petites maisons blanches adossées les unes aux autres, petits pavés, petites lanternes. On se rapproche. Les rues sont bordées de stands hétéroclites. Des chaussures, des gourmandises, de la quincaillerie, des bijoux et des cliquottes à perte de vue. Il y a comme un parfum de marché populaire. Pour tous les goûts et tous les budgets.
Toujours plus de monde, toujours plus de chevaux, on s’approche de la « manga » : le cœur du cœur de la fête. Encore une dernière rue, avec des échoppes plus harmonieuses.
Churrasco, l’irrésistible envie !
À quelques mètres du graal, le ventre commence à parler. Le fumet des grillades attaque les narines de plein fouet. L’offensive des effluves charbonnés est quasiment irrésistible.
En temps normal, la ville de Golegã doit compter 10 à 15 restaurants, mais pendant la « Feira Internacional do Cavalo », on passe facilement du simple au triple. Sortez l’idée d’un quelconque espace perdu de votre imaginaire. Un garage, un entrepôt, une courette ? Tout vient à point pour dresser quelques tables, aligner une kyrielle de flacons et enflammer le churrasco (c’est le joli nom du barbecue au Portugal).
Poulet rôti – coupé à la mode locale -, brochettes gargantuesques, entrecôtes gourmandes, cochon noir, poisson frais, … On retrouve à peu près les mêmes préparations sur toutes les tables, à chaque coin de rue, avec le riz et les frites qui s’épousent systématiquement dans les assiettes. Pour les légumes, hélas, il faut pleurer.
Soyez courageux. Tentez d’atteindre la place centrale – le « Largo Marquês de Pombal » – avant de vous attabler. Après tout, vous n’avez pas encore pris l’apéro, non ?
Un espace central 100% dédié aux chevaux
Comme de bien entendu, il y a tout ce qu’il faut … autour de la place principale sur laquelle vous débouchez enfin.
Au milieu, par contre, l’espace est complètement dédié aux chevaux : une immense carrière pour les concours, les démonstrations, les confirmations et les divers spectacles qui s’enchaînent au fil des heures et des jours. Autour de cette carrière géante, un très large anneau sablé permet à tous les cavaliers de faire des tours et des tours de la place, en galopant sous le regard du public. Vu du ciel, l’ensemble évoque un stade : un terrain de foot au milieu (la grande carrière), une piste d’athlétisme autour (l’anneau sablé) et le public au bord du tout.
En déambulant en bordure de la place, les bars et les restaurants alternent avec les stands cosy des éleveurs – sortes de petits chalets, alias les casettas – et les magasins spécialisés en matériel équestre. Parmi ceux-ci, nos amis de Gomes Equestre méritent votre visite. Si vous projetez d’acheter une selle portugaise, une bride, un filet, de belles bottes ou tout autre accessoire en cuir (ils ont un atelier maison), n’hésitez pas à saluer l’adorable Gina de notre part (elle parle super bien français). PS : avant de lui faire la bise, je pense toujours à lui prendre un petit café Delta sur le stand juste à côté.
Puisque le gosier l’exige…
Bon, assez marché pour l’instant. Comme on a déjà quelques sacs sous le bras, c’est l’heure de se poser un peu. Les trop rares tables du Convivio sont prises d’assaut. Pas grave, il reste un écart de 18 cm au comptoir pour interpeller la serveuse entre deux silhouettes chapeautées. Une cerveja ?
Comme toujours, vous aurez le choix entre la Sagres et la Super Bock, les deux titans du marché brassicole. Le vin est aussi de la fête, notamment l’Água-pé, bien plus léger que les productions traditionnelles. Pour accompagner la fraîcheur des premières goulées, n’oubliez pas le petit queijo (fromage) et les azeitonas (olives), à moins de succomber aux marrons grillés, servis avec une pointe de gros sel. Des marchands en proposent aux quatre coins de la place. C’est bigrement bon et ça tient les mains au chaud quand le soleil décline … et que le dernier verre a disparu.
Cette fois, la faim est intenable et on met le régime sur pause.
Après les libations méthodiquement répétées pour éteindre la soif, amis obligent, la faim creuse inévitablement son trou insidieux dans le bidou. Il est temps de s’attabler ici ou là pour passer un moment simple et jovial, dans un décor pur jus et sans chichi. Celles et ceux qui reviennent à Golegã d’année en année ont leurs adresses incontournables.
Pour une bonne soupe de pierre, par exemple, je vous suggère de vous faufiler vers l’église et de pousser la porte du Café Central. L’endroit est cousu de traditions. Son atmosphère particulière mérite votre visite.
Mais par-dessus tout, mon cœur penche pour le Lusitano, sur la place principale. Notre ami João et sa famille y servent une cuisine simple et démocratique, avec un sourire éternel. L’espace respire la convivialité. Chaque fois que j’y vais, j’ai une pensée émue pour Carlos Oliveira, génie de la présentation des chevaux, qui n’est hélas plus de ce monde. Il fut et restera, pour toujours, mon premier ami portugais. C’est au Lusitano, avec sa belle gueule et son sourire radieux face à moi, que j’ai dévoré ma première feijoada, le plat portugais qui ressemble au cassoulet. C’est donc très naturellement que je lui dédie ce petit article.
Vous avez déjà votre billet ?
La découverte de Golegã vous tente ? Si vous n’avez pas encore réservé votre vol et/ou votre logement, il est grand temps d’y penser. L’édition 2019 de la Feira Internacional do Cavalo se déroule du 1er au 11 novembre. Au plaisir de vous y rencontrer.