En route vers la suberaie…
En quittant l’aéroport de Lisbonne pour rejoindre la Quinta Cavaluz, la première découverte de nos amis visiteurs s’étire sur 17 kilomètres.
C’est le fameux pont Vasco da Gama, inauguré juste avant l’Exposition Universelle, organisée en 1998 dans la capitale portugaise.
Son inauguration saluait le 500ème anniversaire de la découverte de la Route Maritime des Indes par le célèbre navigateur portugais.
Un pont majestueux
Mariage d’acier et de béton, il enjambe le Tage sur plus de 12 km, avec des haubans qui rivalisent d’élégance et de majesté.
Par sa longueur, c’est le 2ème pont le plus étiré d’Europe, juste après le pont de Crimée qui affiche 18 kilomètres au compteur.
Sur l’autre rive, nos visiteurs arriveront à Montijo, la ville qui accueillera très prochainement le 2ème aéroport lisboète. On en reparlera bien sûr dans « le blog de la Quinta ».
En quittant « Aldeia Galega do Ribatejo » – l’ancien nom du village qui est devenu Montijo en 1930 -, le petit village d’Atalaia mérite un coup d’œil sur l’église, joliment perchée, … et une première halte café !
Café : la pause incontournable.
Quand nous organisons le lift pour nos hôtes, le petit Delta noir et bien serré – la marque numéro un du café au Portugal – sur la terrasse du Café Atalaia est un rituel immuable, … avec le pastel de nata en prime.
Douce et sucrée, cette petite rondeur – saupoudrée de cannelle selon les goûts – constitue très souvent la 2ème découverte du séjour.
Admirez les cigognes !
Quelques kilomètres plus loin, les regards seront immanquablement attirés par l’abondance des nids de cigognes.
Un petit air d’Alsace au Portugal ? C’est la 3ème surprise de la route …
Direction la suberaie…
… avant de tomber sous le charme des suberaies.
Mais qu’est-ce qu’une suberaie ? Puisque vous donnez votre langue à Félix, voici : c’est le nom donné aux forêts qui abritent les « sobreiros ».
Mais encore ? Le « sobreiro », c’est le nom portugais du chêne-liège, l’arbre-roi de l’Alentejo. Son nom latin, c’est Quercus Suber.
Cet arbre qui peut vivre plusieurs siècles fait partie du patrimoine portugais. À ce titre, il est encore et toujours protégé par une loi promulguée en 1209. La particularité du « sobreiro » réside dans son écorce, qui se régénère tous les 9 ans pour produire un matériau dont les qualités sont connues de tous : le liège.
Une certaine patience… ou une patience certaine
Le Portugal est, de loin, le plus grand producteur de liège au niveau de la boule bleue, avec quasiment 50% de la production mondiale.
Celle-ci se mesure avec une unité typique, dénommée « arroba ». Un arroba (parfois écrit « aroba » avec un seul « r ») équivaut à 15 kg. Cette ancienne unité de mesure est encore très prisée dans la péninsule ibérique et dans quelques pays d’Amérique latine.
Pour le clin d’œil, notez qu’arroba désigne aussi le symbole arobase dans les e-mails de nos amis lusophones.
Pendant sa tendre enfance (comptez 25 ans), le chêne-liège s’élève et se développe sans donner lieu à une quelconque production. Ce n’est qu’après ce quart de siècle – mon Dieu quelle patience – que l’homme pourra prélever une première fois l’écorce pour obtenir un liège fort dur, intéressant pour la réalisation de produits isolants, mais inexploitable pour l’utilisation la plus connue : les bouchons de nos gourmands carafons.
Amadia, l’or liège et beige
Après 9 ans d’attente, le 2ème décorticage ne conviendra pas non plus pour boucher les bouteilles de vin. Ce n’est qu’à partir de la 3ème levée, donc vers ses 43 ans, que le chêne-liège délivrera son nectar, appelé amadia, la qualité de liège requise pour confectionner les bouchons.
Tout au long de sa vie, estimée à 200 ans en moyenne, notre beau quercus suber délivrera son graal à 17 reprises, avec une production oscillant de 2 à 5 arrobas par arbre, tous les 9 ans. Encore faut-il préciser que l’écorce enlevée – par grandes plaques – contient environ 10% de liège.
À l’image de nos touristes bienaimés, les « sobreiros » sont héliophiles et thermophiles. Donc amateurs de soleil et de chaleur. Généralement plantés à raison d’une centaine d’arbres à l’hectare, ils ont une prédilection pour les sols de texture sableuse, comme les sabots de nos chevaux. Pour grandir – leur taille moyenne varie de 10 à 20 mètres -, ils ont besoin d’une période de sécheresse estivale.
Un champion à découvrir
L’un des plus beaux spécimens – d’ailleurs élu Tree of The Year – trône fièrement à une poignée de kilomètres de la Quinta Cavaluz, dans le village d’Aguas de Moura.
Depuis 1820, il a donné lieu à 20 écorçages. Celui de 1991 a battu le record national avec un prélèvement chiffré à 1200 kg.
Sur les derniers 10 km, à gauche et à droite de la route, les visiteurs en route pour la Quinta Cavaluz seront immanquablement dépaysés par les suberaies. Sous les branchages, de nombreux domaines sont aussi des élevages.
Entre les feuilles, le soleil berce des bovins, des ovins et ces majestés que nous adorons : les chevaux lusitaniens.
Au plaisir de vous accueillir !
· 1 – Vasco da Gama : la merveille architecturale
· 2 – Pastel de nata : la découverte fatale
· 3 – Nids de cigognes : la surprise animale
· 4 – Chênes-lièges : l’enchantement végétal